mercredi 13 janvier 2010

10 idées pour les opérateurs existants pour faire face à l'arrivée de Free dans la téléphonie mobile

Avec l'arrivée de Free sur le marché de la téléphonie mobile, les opérateurs et FAI (souvent les mêmes) ont bien du souci à se faire. Voici quelques idées à développer par ces derniers pour faire face à Free.

1 : une offre internationale. Comme pour l'offre de téléphonie vers les pays étrangers des FAI (Fournisseurs d'Accès à Internet), élaborer une offre de communications internationales à un prix raisonnable et pourquoi pas, illimité. En effet, qu'est-ce qui empêche l'opérateur qui est la fois un opérateur télécom et FAI de rediriger les appels émis par des mobiles vers des numéros de fixes à l'étranger sur son réseau Internet. L'appel est ainsi à moitié GSM et à moitié VoIP. Le réseau de data mobile n'est ainsi pas engorgé. De plus, les grosses compagnies comme Orange ou SFR sont implantées dans de nombreux pays. Je ne comprends toujours pas pourquoi SFR me facture une communication internationale alors qu'il est présent au Royaume-Uni (Vodafone UK) et en France (SFR). Contrôlant la communication de bout en bout, il devrait même pouvoir me facturer ces appels comme des appels locaux. Idem pour Orange qui est présent dans ces 2 pays. Free n'a pas ce luxe et pourra difficilement riposter face à ce genre d'offre.

2 : la même chose pour les communications data.

3 : être un intermédiaire de paiement de choix pour les paiements par Internet. Plus d'un million de mini PC ont été vendus en France avec une carte SIM pour se connecter à l'Internet. De la même manière que notre opérateur nous facture lorsque nous faisons des achats multimédia sur l'Internet Mobile (anciennement le WAP) avec notre téléphone, il pourrait nous facturer ces micro paiements chez des marchands Internet. Malheureusement, aucune des SIM vendues avec les mini PC ne permet ce genre de paiement à ce jour.

4 : développer son service clients : Free est connu pour ses déboires avec ses abonnés ; malgré une nette amélioration, Free reste toujours à la traîne : leur service clients est toujours derrière un numéro surtaxé alors que la loi Châtel oblige ce numéro à être gratuit depuis sa promulgation le 5 janvier 2008.

5 : offrir une véritable offre convergente entre le fixe et le mobile. On remarque, malgré une forte baisse du fixe par rapport au mobile ces 10 dernières années, que le fixe remonte légèrement (88% de la population est équipée contre 82% pour le mobile) et a tendance à se stabiliser (source : Enquête annuelle 2009 du CREDOC pour l'ARCEP). L'avenir veut (du moins celui que j'ai en tête) que nous ayons un seul identifiant sur lequel nous pourrons être joint par téléphone, mél ou autre. Malgré un effort raté (exprès ?) d'Orange avec son offre "Twin" (due en grosse partie au fait que les téléphones compatibles avaient une sale gueule) et l'offre "" de SFR, cette offre reste à développer.

6 : Engager une véritable guerre des prix. Si on veut une offre similaire à celle de Free chez Orange, on doit débourser environ 40 EUR contre 30 chez Free alors qu'Orange n'a pas à s'affranchir des coûts de terminaisons des connexions puisque les détenant en propre. Cest d'ailleurs pourquoi Numéricable a récemment une offre triple play à 20 EUR / mois (Alice ayant voulu contrer cette offre en lançant la même 5 jours avant). Ayant leur propre réseau, ils s'affranchissent des 10 EUR de coût de terminaison qu'ils auraient à payer s'ils passaient par les fils de cuivre de l'opérateur historique France Télécom (alias Orange). Ainsi, Orange pourrait engager une guerre des prix en baissant ses tarifs de moitié. Ce serait aussi réduire sa marge de manière incroyable sans compter les risques de procès des autres FAI pour concurrence déloyale (à vérifier) mais cela est bien l'intention voulue en faisant rentrer un 4ème opérateur.

7 : Développer de véritables services à valeur ajoutée autour de la box. Il n'y a qu'à comparer l'ergonomie de la SFR box (anciennement Neuf box), ou de la Orange box avec la box de Sky (http://packages.sky.com/hd/) pour comprendre : leur box a 2 ans d'avance sur les box françaises. On peut accéder au programme TV d'un seul clic, enregistrer ses émissions favorites d'un seul clic, l'émission seule ou bien la série (pratique si on part en vacances), enregistrer plusieurs émissions qui passent en même temps. Il y a une fonction "anytime TV" qui enregistre une flopée de programmes présélectionnés dans laquelle on peut piocher quand on trouve rien d'intéressant. A ce jour, on doit encore payer 4 EUR un film sorti il y a 2 ans pour pouvoir le visionner pendant 48h. Tant que les producteurs de films, les cinémas et le ministère de la culture n'auront pas compris qu'à technologie numérique, il faut une économie numérique adaptée à l'ère du temps, ces offres ne pourront se développer et le piratage continuera de prospérer. Je me passerais de commentaires quant à la loi HADOPI car ce n'est pas l'objet de ce billet. De plus, Orange et SFR sont loin derrière Free dont l'offre TV se rapproche pas mal de celle de Sky. Fait amusant, il suffit de comparer les télécommandes pour avoir une idée de l'offre qui va avec :


Orange : une télécommande carrée avec des boutons de la taille d'épingles. On peut raisonnablement pensée qu'il s'agit de l'offre TV la moins aboutie des 3 gros FAI français.







SFR : même remarque à propos des boutons. Sans compter l'interface que j'ai eu l'occasion de tester : entre le moment où tu appuies sur le bouton pour changer de chaîne et le moment où l'image de ladite chaîne s'affiche, le film est déjà terminé. La possibilité de diffuser l'écran de son ordinateur sur l'écran TV ne marche plus depuis que la sfrbox a remplacé la neufbox apparemment et le disque dur pour enregistrer des programmes est en option (payante bien sûr).











Free : Les boutons sont (enfin) adaptés à la taille de vos doigts. La télécommande peut s'utiliser comme une manette de jeu. Le disque dur pour enregistrer les programmes est inclus (sans surplus dans l'offre à 29,99 EUR) et on peut désormais enregistrer à distance ses programmes.



Sky : la société de Rupert Murdoch a frapper fort. La télécommande a un "grip" en caoutchouc dessous pour une meilleure tenue en main. Les boutons sont adaptés et devinez quoi, il s'agit de la box la plus aboutie que je connaisse à ce jour. "Anytime TV" permet de visualiser des programmes pré-sélectionnés et pré-enregistrés sur la moitié de votre disque dur (l'autre servant de magnétoscope traditionnel) quand vous le souhaitez, l'enregistrement à distance est disponible depuis longtemps, etc.

On peut effectivement juger la qualité des services associés à la box d'un FAI rien qu'en regardant la télécommande de la box.

8 : idem pour la musique. Malheureusement, avec Deezer et Spotify déjà bien en place, il est un peu tard pour les concurrencer.

9 : s'associer avec des constructeurs d'appareils électriques communicants pour proposer des accessoires intelligents et compatibles avec la box. Imaginez que votre FAI vous propose d'acheter une radio wifi (donc connectée à l'Internet de votre box) pour la mettre dans votre cuisine. Celle-ci pourrait deviner vos stations favorites en accédant à votre liste favorites sur la box. Ce système reprendrait le modèle d'Apple avec ses fabricants d'accessoires. Apple vend les produits des fabricants sur son site en ligne en prenant une partie des recettes. Les fabricants sont triés sur le volet et profitent de la mise en avant de la boutique par le FAI.

10 : se refaire une image en proposant de véritables offres illimitées et non des offres "illimitées" limitées à 1/2 ou 1 Go / mois comme celles pour accéder à l'Internet Mobile pour lesquelles les clients d'Orange ont reçu des factures atteignant des sommets (record établi à un peu plus de 150 000 EUR pour une facture d'un abonné Orange).

Personnellement, je vois très bien le même scénario se reproduire avec l'arrivée de Free dans la téléphonie mobile qu'à l'arrivée de Free dans les offres d'accès à Internet. Les opérateurs actuels continueront de s'engraisser jusqu'à l'arrivée effective de Free, réagiront avec des offres agressives pour tenter d'éliminer la concurrence dans l'œuf (ce qu'elle ne réussira pas à faire) puis intenteront procès sur procès jusqu'à ce qu'ils acceptent enfin la triste réalité : pendant qu'ils agitaient les bras, Free a conquis un marché substantiel assez important pour faire de leur offre une offre crédible et viable.

On relira mon article dans 3/4 ans pour voir :)

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CV Matthieu Oldfield